Hernies abdominales et éventrations

 


 















Ce document est destiné à répondre à la plupart des questions que vous vous posez si vous devez être opéré(e) d’une hernie ombilicale ou d’une hernie de la ligne blanche. Il ne saurait être exhaustif. C’est un complément d’informations, qui n’aborde que des principes généraux, sans traiter du cas particulier, lequel a été discuté avec votre chirurgien lors de la consultation.

 

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Qu’est-ce qu’une hernie ?

Une hernie est la sortie d’un organe hors de sa cavité naturelle. Elle est de taille variable, semblable à un petit sac présent en position assise ou debout et disparaît généralement en position couchée. Elle est soit congénitale, soit due à un affaiblissement des tissus. Ce document concerne les hernies qui siègent au niveau du nombril (hernies ombilicales) ou sur la ligne médiane (hernies de la ligne blanche)Les éventrations sont des hernies qui apparaissent au niveau d'une ancienne ciocatrice chirurgicale.

Mécanisme et conséquences.

Les muscles s'écartent peu à peu, jusqu’à ce que le péritoine (sorte de membrane tapissant l'intérieur de l’abdomen) s’engage dans l’orifice sous l’effet de la pression abdominale, et forme un sac contenant de l’intestin. Cette hernie crée une voussure cutanée, molle et indolore à la palpation, extériorisée en position debout et disparaissant en position allongée, après que le sac se réintègre spontanément. Les conséquences de la hernie sont avant tout fonctionnelles et se traduisent par une augmentation inéluctable de son volume, qui peut devenir à terme invalidante. En outre, le risque majeur est l’étranglement, imprévisible (d’autant plus probable que l’orifice est petit et qu’il existe des efforts de poussée quotidiens), correspondant à l'incarcération d'un segment d'intestin dans la hernie (« intestin coincé »), sans possibilité de le réintégrer dans l’abdomen. Cette complication se traduit en général par une vive douleur et une hernie gonflée, « qui ne rentre plus ». Il s’agit d’une urgence chirurgicale qui doit vous inciter à consulter au plus vite !

Traitements.

Le seul traitement possible est chirurgical. Les systèmes de contention sont totalement inefficaces. L’indication opératoire dépend essentiellement du volume de la hernie et de son caractère invalidant, ou de l’existence d’une complication (étranglement). Les différents types de traitements chirurgicaux ont en commun la résection du sac péritonéal et la fermeture de l’orifice musculaire, réalisée soit par une suture simple, soit par la mise en place d’une prothèse (« plaque ») de renforcement pariétal.
En présence d’une hernie très volumineuse, la fermeture directe et le rapprochement des berges musculaires n’est pas toujours possible, ou alors sous tension, ce qui expose à un risque de récidive non négligeable. Cet écueil est évité par l’utilisation d’une « plaque », assurant à long terme une contention satisfaisante et une consolidation de la paroi musculaire. En effet, la prothèse a pour avantage de répartir les forces de pression, non plus sur une seule suture, mais sur toute l’étendue des muscles en regard desquels elle a été placée. La présence d’un corps étranger dans l’organisme, telle qu’une plaque, expose à un risque accru d’infection de ce matériel, même si cette complication est exceptionnelle et souvent liée à des terrains particuliers (obésité, diabète, etc.). La survenue d’une telle infection impose le plus souvent un retrait complet de la plaque.
Ces renforts prothétiques peuvent être posés dans la paroi, sous les muscles, nécessitant une grande incision, ou à l’intérieur de l’abdomen, en situation « intra-péritonéale » le plus souvent par voie coelioscopique, en fonction de l’importance de la hernie.

Risques et complications post-operatoires.

Rares complications liées à toute chirurgie abdominale :
 
  • Complications thromboemboliques (phlébites, embolie pulmonaire).
  • Complications hémorragiques (plaies vasculaires, hématomes).
  • Complications infectieuses sur incisions, cathéters, drains et sondes.
  • Plaies digestives, brides et occlusions intestinales secondaires.
  • Plaies vésicales, rétentions d’urines postopératoires.

Il existe aussi des complications exceptionnelles liées à la coelioscopie :
 
Survenant lorsque l’on gonfle l’abdomen ou lorsque l’on introduit le premier trocart au début de l’opération, elles peuvent nécessiter une conversion en une grande ouverture (laparotomie). Il s’agit en général de blessures de gros vaisseaux comme l’aorte abdominale ou de blessures des organes proches du site opératoire, essentiellement digestifs (intestin) ou urinaires (uretère, vessie). Ces blessures accidentelles peuvent être favorisées par la complexité de l’intervention ou des circonstances anatomiques imprévues. Leur reconnaissance immédiate permet en général une réparation sans séquelle, mais elles peuvent parfois passer inaperçues lors de l’intervention et provoquer une péritonite ou un abcès postopératoire. 

D’autres complications spécifiques peuvent survenir, mais restent rares :
  • Risque infectieux, dont la fréquence est voisine de 1%.
  • En fait les véritables risques sont surtout d'ordre général, dépendant d’éventuelles maladies cardiaques et respiratoires associées, ou du terrain (sujet obèse et/ou diabétique plus exposé au risque infectieux et d’embolie pulmonaire), justifiant une prévention accrue.

En pratique.

  • Vous pouvez être opéré(e) dans le cadre d’une chirurgie ambulatoire. Dans ce cas, vous entrerez à la clinique le matin de l’intervention, et sortirez le soir, après l’accord du chirurgien.
  • S’il existe une contre-indication à la chirurgie ambulatoire, en particulier pour l’anesthésie, vous serez opéré(e) dans le cadre d’une hospitalisation de courte durée.
  • Evitez le port de charges lourdes et les sports violents pendant 8 semaines. Alertez votre médecin si vous constatez : sécrétion au niveau des incisions ou rougeur locale, fièvre, douleurs très intenses non calmées par les antalgiques usuels ou distension de l’abdomen avec arrêt du transit (arrêt des gaz).
 
N’hésitez pas à poser toutes les questions à votre chirurgien, qui y répondra de façon spécifique, en tenant compte de votre cas particulier
maj : 03/06/2022